Présentation météo

Auteur : Alain ARNAUD
Mail : arnaud2alain@free.fr
Janvier 2013

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Les prévisions générales

Il vous est souvent arrivé de partir voler avec des prévisions météo un peu incertaines. Parfois, c'est l'heureuse surprise, le vent qui était trop fort se calme ou le ciel se dégage subitement. Parfois aussi, c'est le contraire et quand on arrive sur le déco, le vent est travers et on doit redescendre.
Les prévisions météo sont calculées à l'aide de modèles mathématiques qui couvrent la totalité du globe. Les prévisions à trois jours donnent de très bons résultats pour la circulation générale, c'est à dire, par exemple, la position des anticyclones ou le passage des perturbations.
Mais, étant donnée l'énormité des masses de calcul à exécuter, ces modèles comportent de nombreuses simplifications, en particulier pour la représentation des massifs montagneux.
D'une façon générale, ils ne calculent pas en détail ce qui se passe dans la Couche Limite Atmosphèrique (la CLA)

La Couche Limite Atmosphèrique (CLA)

Et poutant, c'est dans la CLA, et exclusivement dans la CLA que nous volons. La CLA est la partie de l'atmosphère directement influencée par la proximité du sol (ou de la mer) :

Influence mécanique

C'est la turbulence de frottement. Elle dépend de la hauteur des obstacles. Le frottement n'est pas le même au dessus d'une prairie et d'une forêt, le frottement n'est pas le même au dessus d'une plaine infinie ou au dessus d'un terrain vallonné. Bien sûr, au dessus d'une chaîne de montagnes, le frottement devient très complexe. L'épaisseur de la couche de frottement dépend aussi de la stabilité de l'atmosphère.

Influence thermique

Contrairement à ce que l'on croît généralement, le soleil ne réchauffe pas l'atmosphère. L'atmosphère est transparente (presque) et le soleil y laisse très peu d'énergie. Le soleil réchauffe le sol. Le sol, à son tour réchauffe l'air par contact. Dès que l'air dépasse une certaine température, il décolle sur une grande surface en créant une magnifique ascendance. Toute la portion d'atmosphère dans laquelle se développe l'ascendance se trouve fortement perturbée : elle fait partie de la CLA.

Influence thermodynamique

Au contact du sol, l'air est immobilisé par la végétation. L'air qui part avec l'ascendance a donc, au départ, une vitesse nulle. Il fait irruption dans des couches d'air qui se déplacent (s'il y a un peu de vent). Il représente donc un obstacle. Le vent météo va le pousser et le contourner et, peu à peu, la vitesse de déplacement de la bulle d'air va se rapprocher de celle de l'air ambiant. Mais comme, avec l'altitude, la vitesse du vent augmente, la vitesse de la bulle d'air ne rejoint jamais celle du vent météo : la vitesse de dérive des ascendances est toujours plus faible que celle du vent météo. D'autre part, l'air qui a quitté le sol doit être remplacé par de l'air froid. Cet air est prélevé dans les couches supérieures de l'atmosphère où il se déplace à la vitesse du vent météo. Lorsqu'il entre en contact avec le sol, il est freiné et s'immobilise. La présence d'ascendances conduit donc à un épaississement et un freinage de la CLA, mais au sol et en l'air, on ne perçoit guère ce ralentissement car la turbulence augmente parallèllement. En cas de convection très importante et très profonde, les météorologues parlent même de « cloutage ».
Les modèles de météo générale estiment la convection probable et calculent pour la CLA, de façon empirique, une épaisseur et une efficacité de transfert. Ce calcul reste assez approximatif et représente une des principales causes d'incertitude dans la prévision du temps.
Depuis quelques années, les services météorologiques créent des simulations fines de la CLA à plus petite échelle, par exemple à l'échelle d'un pays, d'une région ou même d'un département. Un travail a été lancé sur la modélisation de vallées de montagne. Il est probable que dans quelques années, on disposera de prévisions fines, à l'échelle de l'hectomètre et de la minute sur une durée de quelques heures, au moins dans certaines configurations météo favorables.

Travail avec l'emagramme

Lorsque l'on envoie un ballon sonde dans l'atmosphère, il mesure la pression, la température et l'humidité de l'air. A mesure que la sonde monte, la pression baisse. Il est commode de porter sur un graphique, en vertical (axe des ordonnées) la pression et en horizontal (axe ses abcisses) la température. Comme la température décroît lorsque la pression baisse, on obtient une courbe couchée vers la gauche. C'est la courbe d'état (figure1)

Figure 1
Figure 1
Saint-Clair sur Epte le 18 juin 2009 à 17 heures locales.
Courbe de température qui serait relevée par un ballon sonde
Elle est fortement couchée vers la gauche

Sur le même graphique, on porte en vert la courbe de la température du point de condensation. Plus l'air est sec, plus cette température est basse(figure 2). Lorsque l'air est saturé d'humidité, les deux courbes se touchent.

Figure 2
Figure 2
En vert, la courbe des températures de condensation

L'air contient toujours une certaine quantité de vapeur d'eau. La vapeur d'eau est invisible. Lorsque l'air est saturé d'humidité, l'excès de vapeur d'eau se condense sous forme de gouttellettes d'eau très fines : le brouillard. Le brouillard est souvent, de façon abusive, appelé « vapeur » (au dessus de la casserole) ou « buée » (lorsque l'on souffle dans de l'air glacé). En revanche, les gouttelettes qui se déposent l'hiver à l'intérieur du pare-brise sont bien de la buée.
En refroidissant suffisament une particule d'air, on obtient toujours la condensation. La température de condensation est d'autant plus basse que l'air est plus sec. Elle varie également un peu avec la pression.
Pour rendre le graphique plus lisible, les météorologues ont eu l'idée d'incliner l'axe des pressions vers la droite de sorte que pour une atmosphère moyenne la courbe d'état soit à peu près verticale. Ce graphique, c'est l'émagramme (figure3).

Figure 3
Figure 3

Il faut bien se souvenir que dans l'émagramme, l'axe des ordonnées n'est pas vertical, il est incliné vers la droite. Ainsi, les droites isotempérature sont inclinées vers la droite.
Avant de s'intéresser à la courbe d'état, on va regarder, à droite du tableau, les petites flèches qui donnent la force et l'orientation du vent. On voit tout de suite que la force et la direction varient avec l'altitude, et parfois beaucoup. Comment passe-t-on de la pression lue à gauche à l'altitude ? Une conversion rigoureuse est possible si on connait la courbe d'état. Elle nécessite un calcul assez complexe. Certains sites qui ^publient des émagrammes donnent, à droite du graphique la pression exacte pour 1000, 2000 et 3000 m. Pour nous qui navigons par beau temps et en dessous de 3000 m (en général), une règle simple consiste à considérer que 100 hectopascals correspondent à 1000 m d'altitude. Ainsi, avec 1000 hpa au niveau de la mer, on aura 900 hpa à 1000 m d'altitude, 800 hpa à 2000 m et 700 hpa à 3000 m.
En direction, le vent tourne en général vers la droite à mesure que l'altitude augmente.
Le plus important pour le parapentiste c'est la direction du vent sur le déco et sa force au sol (la prévision se fait à 10 m d'altitude) .

En plaine

En plaine, il faut aussi regarder le gradient de vent : en effet, si le gradient est fort, il faut s'attendre à de fortes rafales. Si le vent au sol est à 20 km/h et que le vent à 950 hpa (500 m) est à 30 km/h, il faut s'attendre à des rafales à 30 km/h. Si le vent à 500 m est à 40, les rafales seront à 40. On notera toutefois que l'émagramme donne un vent moyen : dès que la convetion est établie, il se produit un mélange des différentes couches de la CLA. Legradient du vent moyen tel qu'il figure sur l'émagramme tend à diminuer. Ce n'est pas pour autant que la turbulence s'affaiblit, bien au contraire. Par les matins d'hiver, il faut aussi se méfier de la limite entre la couche d'inversion nocturne et le vent météo qui peut être turbulente.

En montagne

En montagne, il faut s'intéresser à la force et à la direction du vent sur les crêtes. Oui, mais quelles crêtes ? Il y a des décos situés sur une crête comme la Province à Aiguebelette, le Sire à Chambéry ou le col des Frettes à Perroix.
Si le vent est perpendiculaire à la crête, il faut compter une survente de 50% par rapport au vent météo, un peu plus même au col des Frettes car la présence des Dents de Lanfont fait venturi. Si le vent météo n'est pas exactement perpendiculaire à la crête, la crête tend à le remettre de face. C'est le contraire pour un site abrité où le vent aura tendance à être encore plus travers.
Il y a beaucoup de sites semi-abrités (c'est le cas de la plupart des décos). Ils deviennent dangereux lorsque le vent météo doit franchir une crête plus élevée avant de les atteindre, particulièrement si le vent météo est travers ou trois-quarts arrière et que l'on se croit abrité.
Il y a des sites vraiment abrités comme Saint-Hilaire ou Plaine-Joux par vents de ouest à nord, mais attention si le vent est travers (vent du sud à Saint-Hilaire ou sud-ouest à Plaine-Joux).
Lorsque l'on est en vol, il faut toujours rester conscient de la direction du vent météo pour ne pas se faire prendre par surprise sous le vent d'un relief.

Les inversions

L'examen de la courbe d'état permet de voir immédiatement où se situent la ou les inversions (figure3).
Elles sont marquées par des zones où la courbe d'état monte vers la droite.
En lisant sur la gauche la pression à laquelle commence l'inversion, on a une bonne idée de l'altitude d'inversion (en appliquant la règle 100 hpa = 1000 m)
Plusieurs sites météo donnent des émagrammes prévisionnels sur la journée toutes les trois heures. On pourra y constater qu'à six heures du matin, on a une inversion au sol : c'est l'inversion nocturne. A 9 heures, elle a disparu.
Sur l'émagramme, en plus des droites isotempérature inclinées vers la droite, on peut voir un réseau de lignes inclinées vers la gauche. Ce sont les courbes de détente adiabatique. En l'absence de condensation, une particule d'air se promène (sur le graphique) le long d'une courbe de détente adiabatique. Si elle s'élève, comme dans une ascendance, elle monte vers la gauche en se refroidissant. Si elle descend, comme dans un anticyclone, elle se déplace vers la droite en se réchauffant. En général, vers midi, on observe que la température au sol a bien augmenté, les ascendances ont démarré et le pied de la courbe d'état présente une portion inclinée selon l'adiabatique sèche. Cette portion d'adiabatique sèche vient buter sur l'ancienne courbe d'état. Ce point marque temporairement le sommet des ascendances. C'est le plafond. Ce plafond s'élève pendant la journée jusqu'en soirée. Les ascendances cessent au coucher du soleil. Il est intéressant de noter que le plafond ne s'abaisse pas en fin d'après-midi, ce sont les ascendances qui sont moins fortes (et donc, c'est vrai, l'altitude à laquelle pourra monter un parapente sera un peu moins élevée) . En montagne, il faut adapter quelque peu les emagrammes prévisionnels. On y reviendra plus loin.

Les nuages

Tout ceci est vrai en air sec. Abusivement, on appelle air sec de l'air qui n'a pas encore condensé. En fait, il contient toujours, même dans les déserts une certaine proportion de vapeur d'eau. Quand l'air commence à condenser, les choses deviennent plus compliquées. A côté, et à gauche de la courbe d'état en rouge, on trouve une courbe verte : c'est la courbe de la température de condensation. Plus elle est proche de la courbe d'état, plus l'air est humide. Si les deux courbes sont collées, on est dans le nuage. Ainsi, si les deux courbes se rejoignent au dessus de 600 hpa (4000 m), on aura un voile d'altitude qui va casser toutes les pompes. Si les deux courbes sont collées au niveau du sol, on sera dans le brouillard. Si les deux courbes sont collées à une seule altitude particulière, on aura un banc de stratus (et mer de nuages si on est au dessus). Evidement, si les deux courbes sont collées à toutes les altitudes, il faut s'attendre à une pluie abondante et à un temps bouché. On peut donc lire beaucoup de choses sur un émagramme sans entrer dans la physique de l'air humide. On peut même dire qu'avec un peu d'habitude, on pourra se faire une bonne idée de la météo du jour au premier coup d'oeil sur les deux courbes, la rouge et la verte. Cependant, l'émagramme contient beaucoup d'autres renseignements.
On peut observer sur le graphique une série de droites parallèles, faiblement inclinées vers la droite et qui s'arrêtent vers 700 hpa. Ces droites indiquent la valeur du rapport de mélange pour un point de condensation donné ou, réciproquement, la température de condensation pour une pression (altitude) et un rapport de mélange donné. Qu'est-ce que le rapport de mélange ? C'est la quantité de vapeur d'eau en grammes par kilogramme d'air sec. Il ne faut pas compter l'eau qui est sous forme de gouttelettes de brouillard mais seulement la vapeur d'eau dissoute dans l'air (elle est invisible). Température du thermomètre humide, humidité relative, humidité absolue, de nombreuses unités ont été utilisées pour mesurer le contenu en eau de l'air atmosphèrique. Le rapport de mélange est de plus en plus utilisé car il est indépendant de la pression et de la température. Ainsi, une particule qui quitte le sol avec un rapport de mélange de 8 g/kg sera toujours à 8 g/kg à 2000 m (sauf si entre temps, il y a eu condensation). Précisément, ces droites de rapport de mélange vont nous permettre de trouver sur le graphique, la pression (donc l'altitude) de condensation, c'est à dire la base des nuages.
Le pied de la courbe verte se trouve à l'altitude du sol. En comparant ce point avec les droites de rapport de mélange voisines, on peut en déduire le rapport de mélange de l'air au sol.
Si la particule d'air est soulevée par une ascendance, son rapport de mélange reste inchangé. Le point vert se déplace sur la droite de rapport de mélange correspondante.
De la même façon, avant condensation, la température de cette même particule est décrite par le déplacement du point rouge sur la courbe d'état. Si les deux lignes se croisent à une certaine altitude, cela signifie que la température de la particule s'est abaissée jusqu'à la température du point de condensation. On est à la base du nuage. Il suffit de lire à gauche la pression correspondante et de la convertir en altitude avec la formule 100 hpa = 1000 m pour avoir l'altitude de la base des nuages.

La cellule convective

Le ciel idéal pour le parapentiste contient de petits cumulus séparés par de espaces de ciel bleu. Dans un tel cas de figure, l'émagramme prévisionnel donnera une humidité moyenne entre l'intérieur du nuage (air saturé plus eau liquide) et le ciel bleu. La courbe verte ne vient donc pas en contact avec la courbe rouge. Mais nous venons de voir que l'émagramme permet de prévoir si des nuages vont se former et quelle sera l'altitude de condensation. (nota : on donne souvent le nom de plafond à l'altitude de condensation alors qu'au contraire, c'est une altitude où l'ascendancese renforce par convection humide).
A partir de l'altitude de condensation, en effet, les choses changent radicalement pour la particule d'air. La condensation la réchauffe ! Ce n'est pas vraiment ce que l'on ressent en parapente lorsque l'on arrive aux barbulles car, d'une part le soleil disparaît et d'autre part, on continue à monter. Mais la particule d'air se refroidit beaucoup moins vite que s'il n'y avait pas de condensation. Sur le graphique, la particule ne suit plus la ligne continue inclinée vers la gauche, mais une ligne pointillée presque verticale, la pseudo-adiabatique saturée. Et si la courbe d'état se trouve à gauche de cette ligne pointillée, la montée va s'accélérer. Le nuage forme une cellule convective.
Si la courbe d'état revient vers la droite et recoupe l'adiabatique saturée, on est en haut du nuage. En effet, la particule se retrouve alors moins chaude que l'air ambiant, par conséquent, elle cesse de monter et la condensation cesse également.
Le haut du nuage est parfois à la limite de la stratosphère : c'est le cunimb.

Le risque orageux

Certaines manipulation sur l'émagramme permettent d'évaluer le risque d'évolution orageuse, mais il est plus simple de chercher sur le site météo la valeur de la CAPE. C'est un paramètre, parfois inscrit dierctement sur l'émagramme, proportionnel à l'énergie potentielle disponible dans la masse d'air. Il peut varier de 0 à 5000. En dessous de 500, le risque d'orage est faible. A 5000, on risque une situation orageuse généralisée avec formation de tornades dévastatrices.
La CAPE est souvent accompagné d'un autre coefficient : le CIN appelé parfois coefficient d'inhibition. Il peut en effet arriver que la masse d'air contienne une quatité potentielle d'énergie considérable mais que la convection ne démarre pas, à cause d'une inversion par exemple. La journée peut alors être fort belle en basses couches et le prévisionniste se fait maudire d'avoir été si pessimiste. Mais gare si les ascendances parviennent à percer l'inversion car, alors, la convection peut devenir ingérable en quelques minutes. C'est ce qui est arrivé à Ewa Winierska lors de son fameux vol stratosphérique.
Il faut donc se méfier des CAPE élevées, et encore plus si la CAPE et le CIN sont tous deux importants.
Certain sites météo donnent des cartes de CAPE prévisionnels bien commodes pour voir les zones particulièrement menacées par les orages.
Pour en savoir plus sur l'émagramme, on se reportera à l'excellent didacticiel : l'emagramme

Les bonnes conditions en montagne

Quelles sont les conditions qui feront une belle journée sur les Alpes françaises ?
L'idéal serait un anticyclone large, centré tout près du point de décollage et passablement dégénéré.
La première condition d'une belle journée doit être un vent faible. Sur les Alpes, il est impératif que le gradient de pression entre la France et l'Italie soit inférieur à 2 hpa. Au centre d'un anticyclone, le gradient est nul, surtout si l'anticyclone est large alors que sur les bords, le vent peut être très siginficatif. Il est donc souhaitable que le point de décollage soit proche du centre de l'anticyclone.
L'anticyclone doit être dégénéré. Un anticyclone est une vaste zone où l'air descend lentement. En général de un à quelques centimètres par seconde. En descendant, l'air se réchauffe ce qui n'est pas favorable à la convection. En revanche, il s'assèche ce qui est favorable à la pratique du parapente. Pendant la journée, la convection thermique démarre en basses couches (ou parfois, en montagne dans les couches intermédiaires). Si l'affaissement général de l'anticyclone n'est pas trop rapide, on obtient une masse d'air sèche, sans inversion marquée, dans laquelle le plafond s'élève jour après jour.
Sur les Alpes françaises, la masse d'air est assez homogène au dessus de l'altitude des cols, c'est à dire à partir de 2500 m. Mais il arrive souvent que la partie nord ou ouest du massif soit envahie par un air plus frais. Il sera alors difficile de passer l'inversion qui se produit vers 2500 m pour gagner la couche supérieure.
Il y a heureusement bien d'autres conditions qui permettent de voler convenablement. Par exemple, il arrive souvent en été que l'on se trouve dans une sone à faible gradient de pression, entre l'anticyclone des Açores et la dépression continentale, par exemple dans un flux modéré de nord-ouest. Mais le nombre de configurations météo est quasi infini est il est impossible de les décrire toutes. Aussi faut-il faire sa météo le matin avant de partir voler.

Faire sa météo

Prendre la prévision sur : Meteoconsult
Puis ouvrir : Wetter
Placer le curseur de date sur 12 (12 h UTC), c'est-à-dire 14 h en été.

Figure 4
Figure 4
Cliquer sur 500 hpa bodendruck pour avoir le synoptique (figure4)

On voit la direction générale et l'espacement des isobares.
On rappelle que le vent est sensiblement parallèle aux isobares et qu'il est d'autant plus fort que les isobares sont plus serrés. Dans l'hémisphère nord, le vent tourne autour des dépressions dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Cliquer sur niederschlag pour avoir les précipitations (figure5).

Figure 5
Figure 5
Pluies et fronts

On doit être dans une zone blanche. Les zones bleues sont les zones de pluie. Les points rouges signalent les zones de forte instabilité.
Les zones de pluie dessinent assez bien le contour des perturbations. Si certaines dépressions se composent bien d'un front chaud et d'un front froid, c'est bien loin d'être un cas général. La perturbation de la zone centrale de la figure 5 montre une série de fronts secondaires séparés par des zones dégagées dans lesquelles les conditions peuvent être parfaitement volables si le vent n'est pas trop fort. Il faut toutefois rester très attentif à l'arrivée du front suivant, d'autant qu'il peut se renforcer (ou s'atténuer de façon assez aléatoire.

Cliquer sur 10m Wind pour avoir direction et force du vent au sol (figure 6).

Figure 6
Figure 6
Carte des vents sur l'Europe centrale

Le vent favorable en plaine se situe dans les zones de bleu outremer. En montagne, les zones en bleu foncé et en violet donnent la garantie d'un vent faible et maniable.

Cliquer sur CAPE+lifted index pour avoir la prévision des zones orageuses. La zone favorable se situe entre bleu et vert clair.

Placer le curseur de date sur 18 (18 h UTC) et recliquez sur CAPE pour voir l'évolution en soirée.

Avec Wetterzentrale, on se fait une bonne idée des conditions sauf que le vent au sol en montagne est souvent assez différent du vent météo.

Il faut donc confirmer cette première impression par l'examen des sondages prévisionnels.
Choisissez un point sur la crête frontière, relevez les coordonnées géographique en DD.MMM et allez sur : Air Resources Laboratory
Entrez la latitude et la longitude. Cliquez sur « continue »
Cliquez sur « sounding »
Choisissez 0 – 192 h et cliquez sur « go »
Cliquez sur « next »
Choisissez « time to plot » à 12 h UTC
Choisissez type « only 400mb »
Tapez le code et cliquez « get sounding »

Sur la droite du graphique, vous trouvez le vent en direction et en force sur le point choisi à toutes les altitudes. Idéalement, il doit être inférieur à 2 ou 3 neuds au sol. A 10 kts, le vent est soutenu, d'autant plus qu'au sol, à la crête, la survente est de l'ordre de 50%. Si se vent est soutenu, de secteur est à sud, le risque de foehn est réel, avec de fortes rafales même en vallée.

Muni de cette information, on peut choisir un site de vol dont on repère les coordonnées. Mais avant de revenir dans READY, il est intéressant de téléphoner à météofrance (payant) pour prendre les conditions montagne. Tel 08 99 71 02 et n° du département puis « montagne » sur le serveur vocal. On obtient la confirmation du vent en altitude et la température en moyenne montagne dans l'après-midi (noter soigneusement l'altitude et la température) ainsi que le risque d'évolution orageuse.

On revient dans Air Resources Laboratory
et on entre la latitude et la longitude du déco choisi.
On refait la procédure pour accéder à l'émagramme.
On dispose d'un émagramme toutes le trois heures. Il n'est pas nécessaire de refaire le code à chaque fois, il suffit de cliquer sur le bouton « page précédente » et d'entrer l'heure choisie. Il est intéressant de commencer par l'émagramme de 12 h (UTC) ce qui fait 14 heures locales en été en France.
On notera que, souvent, l'altitude du pied de l'émagramme ne correspond pas exactement à l'altitude du déco. En effet, le modèle utilise une surface du sol fictive qui moyenne le relief.
Pour cette raison, le vent sur le déco ne correspond pas exactement au vent que l'on va trouver. Ici, il faut regarder le vent au dessus de déco (à la crête), tenir compte de la brise, du relief et des thermiques probables pour se faire une idée des conditions sur le déco.
Par beau temps, l'émagramme de midi comporte, en bas, une partie adiabatique (inclinée vers la gauche), dont le sommet indique le plafond. L'adiabatique se termine souvent en bas par un pied suradiabatique de quelques degrés. De un à deux degrés, ce sont des conditions thermiques normales, de deux à cinq, des conditions fortes.
A ce stade, il est intéressant de faire un tirage papier de l'émagramme :
. pour déterminer l'altitude de condensation (voir la construction figure 7) et le sommet des nuages
. pour estimer l'altitude maximum des thermiques s'il n'y a pas condensation

Figure 7
Figure 7
Altitude de condensation

On peut ensuite examiner l'émagramme de 15 h (UTC) pour voir l'évolution de la situation. On peut y détecter :
. Un renforcement ou un changement de direction du vent
. L'arrivée d'un voile éventuel (pincement de la courbe rouge et de la courbe verte en altitude)
. Une évolution orageuse (pincement de la courbe rouge et de la courbe verte à partir de l'altitude de condensation
Sur l'émagramme de 18 h (UTC) soit 20 h locales, on peut en général voir que le pied de la courbe d'état devient plus raide que l'adiabatique ce qui est l'indice de la disparition de la convection.
Dans les environs de Chambéry (Le Sire, Le Semnoz, Montlambert, Allevard), il est intéressant d'accéder aux données météo de la station de Chambéry. Elle donne l'émagramme (réel) de la nuit et des émagrammes prévisionnels pour la journée suivante.
Pour y accéder, il faut se connecter sur le site Aéroweb de météofrance. Il est gratuit pour les licenciés FFVL, mais il faut s'inscrire (avec son n° de licence).
Aviation meteo
Dans la colonne de gauche, on va sur « radiosondages prévus/observés », et sur la carte, on clique sur le point rouge « Chambéry ». L'émagraramme n'est pas trop facile à lire en basses couches, mais il donne le vent à 850 hpa (1500 m environ). Il donne aussi la CAPE et le CIN.
Le site Aeroweb donne aussi les prévisions vol-à-voile avec, en particulier, la vitesse probable des ascendances.

Brises de vallée

Il faut ensuite agrémenter toutes ces prévisions par des considérations plus locales dont la plus importante est l'établissement des brises de vallée après le début de l'activité thermique.
On pourrait imaginer que les thermiques du versant au soleil soient alimentés par l'air froid des versants à l'ombre. C'est ce qui arrive effectivement dans la matinée, mais, très vite, un massif comme les Alpes se trouve en déficit d'air frais. Il est alors alimenté par les vallées. La brise s'écoule en remontant, elle s'accélère dans les passages étroits, elle devient turbulente dans les coudes et à la sortie des étranglements. L'épaisseur du torrent d'air frais augmente en cours de journée et peut atteindre plusieurs centaines de mètres. Les points d'alimentation principaux sont :

La brise de vallée se lève brusquement et, par beau temps, à heure fixe. Elle est renforcée ou, au contraire, atténuée par le vent météo.
La brise de vallée a des effets dynamiques importants lorsqu'elle vient buter sur un relief. Par exemple, à Bissane la brise qui rentre par Faverges s'élève au dessus du Mont-Gombert et peut arriver à coiffer le déco. Les pilotes qui décollent en face sud en fin de matinée peuvent avoir des surprises traumatisantes.
Au delà de la brise de vallée, il y a, par beau temps, et pendant la journée, formation d'une petite dépression alpine qui tend à faire tourner le vent météo vers la gauche autour de l'ensemble du massif.

L'observation des éléments

Enfin, il ne faut pas négliger l'observation directe des éléments dès le matin :

La prévision météo n'est pas une science exacte. Les situations sont très diverses. Il en existe d'assez prévisibles comme par exemple les anticyclones. D'autres sont très aléatoires comme les marais barométriques chargés d'humidité. Les ordinateurs ne comprennent pas la météo, ils la calculent. A petite échelle, un calcul météo exige plusieurs millions de milliard d'opérations. Mais l'erreur inévitable sur les conditions de départ fera toujours dériver le système au bout d'un certain temps de calcul. La modélisation à petite échelle a fait des progrès considérables, en particulier pour prévoir les événements extrêmes comme les orages et même les tornades. En attendant que la modélisation des vallées alpines par beau temps soit opérationnelle, il faudra continuer, pendant quelques années encore, à pratiquer l'art de l'à-peu-près.